vendredi 10 mai 2019

Être à la hauteur de la démocratie…. 



Le débat actuel en République de Guinée portant sur une hypothétique révision constitutionnelle ou un éventuel changement de constitution, sur la base des arguments des uns et des autres, traduit une réalité : l'idéal démocratique n'est pas arrivé au niveau critique de non retour. Rien de surprenant en effet, lorsqu'on a conscience du temps que cela a pris aux nations démocratiques premières. 

Cependant, en ayant l’ambition de jouir des effets de leurs expériences, on est en mesure de réduire substantiellement ce délais.

 Des exemples en Afrique Australe tels que le Botswana sont là pour le prouver.

Sans débat serein pas de démocratie véritable

La virulence des propos exprimés, traduit le fait que de part et d'autre, on semble ignorer le droit de l'autre d'avoir une opinion et de la dire. 

Pour se rendre compte de cela, il suffit de parcourir les différents groupes créés pour défendre les causes sur le réseau social Facebook notamment.

Seulement, l’exercice démocratique requiert le débat. Pour que ce dernier soit, il faut des positions différentes.

Pour que des positions différentes soient portées au débat, il faut que chaque partie accepte de reconnaître à l'autre le droit légitime d'avoir une opinion, une conviction et de convaincre pour susciter l'adhésion.

Eh bien force est de constater que ce n'est pas le cas. 
Pour les uns, c’est « alanmanè » ce qui en soussou veut dire «Ça va marcher .» Pour les autres, c'est « amoulanfé » ce qui signifie « ça ne marchera pas .»

Enfermés dans leurs certitudes respectives, personne n'écoute l'autre. Il n'y a pas meilleure manière d'en arriver au clash. 
Nous devons à tout prix éviter celà.



Les parties prenantes de la vie de la cité doivent prendre leurs responsabilités



Afin d'organiser un cadre d'expression serein et apaisé pour toute personne, tout groupe, toute entité qui a un avis à donner. 

L'émotion que suscite ce débat doit être considéré comme une formidable opportunité pour le leadership politique, toutes tendances confondues, d'asseoir les bases d'une démocratie apaisée.

Comme le dit un grand penseur français, c'est dans le tumulte, la difficulté que l'on se construit, que l'on retrouve l'énergie d'un nouveau souffle. Alors, que l'ambition collective de renforcer la démocratie guinéenne, naisse dans les cœurs et les esprits. 

Président de la République, gouvernement, parti présidentiel, opposition, société civile, acteurs non-étatiques internationaux; citoyen lambda, chacun doit pouvoir jouer de sa partition pour qu’enfin, la Guinée, ses fils et ses filles, puissent s'assoir et discuter de ce qui les opposent, dans la ferme volonté d’aboutir au compromis sans groupe de contact international ou autre représentant d'une autorité extérieure. 

Il a mainte fois été dit qu’un débat est en cours. Certes. Mais ce débat se fait de manière non organisée et en cela, nous ne sommes pas à la hauteur du mode de gouvernance démocratique que nous avons choisi depuis le début des années 90.

Aucun parti politique sauf erreur, n'a organisé un débat démocratique constructif en son sein. Nous en sommes au débat indirect, à l’invective, médias traditionnels et sociaux interposés. Un ferment qui risque d’éclabousser tout le monde. 

Il est encore temps de prendre le leadership sur la question avant qu'il ne soit trop tard. 

Les médias, télés et radios doivent pouvoir organiser des émissions de débat en fixant les règles comme cela se fait par les chaînes de télé internationales.

Il faut que cesse ce vent de laisser-aller général qui souffle. Effet cyclonique aidant, il risque de se transformer en ouragan.

Les crises politiques que la Guinée à traversée depuis 1991 et même depuis notre indépendance, doivent enfin pouvoir servir de leçon.

La démocratie est un état d'esprit

La démocratie fait très mal dans la mesure ou c'est l'acceptation de voir, d’entendre ce que l'on ne conçoit pas.

Pour qu'elle fonctionne, il faut que tous les acteurs adhèrent à cet état d'esprit.

La démocratie ce n'est pas seulement l'alternance au pourvoir.

C'est d'abord et avant tout cet état d'esprit qui consiste à accepter que l'autre soit différent de soi au niveau de l'opinion, de la race, des orientations sexuelles et autres...

C'est accepter le fait que malgré toutes ces différences, l'on doit pouvoir composer avec autrui pour notre bien commun à tous. 

Hélas, c'est ce que l'on ne constate pas du tout ou alors très peu, dans les faits et gestes de toutes les parties prenantes à la vie nationale en Guinée et pas seulement d'ailleurs....

La démocratie c'est accepter la voix des urnes comme seul levier d'action pour faire valoir ses convictions. 

La démocratie, c'est accepter l’argumentation comme étant la seule arme pour faire valoir les idées et convictions que l'on porte afin de susciter l'adhésion. 

Il y a des règles du jeu à la démocratie : la première c'est d'accepter que le seul ring qui prévaut c’est celui des idées. 

Il faut pouvoir vendre son idée de la manière la plus structurée, objective et factuelle possible afin de convaincre le citoyen électeur de la supériorité de ce que l'on porte par rapport à ce que son adversaire porte. 

Les acteurs perdent énormément d'énergie, de temps et de ressources ailleurs qu'a chercher de conquérir de manière méthodique et à grande échelle, l'opinion de la majorité. 

À part les meetings politiques composés de personnes acquises à la cause que l'on défend, les activités de promotions des convictions et valeurs portées dans des différents cercles qui composent la nation se font très rares. Ceci est une des limites importantes à la démocratie en Guinée.

Nous devons avoir le courage de porter le miroir devant nos yeux, nous regarder, et faire sa propre autocritique. Nous ne sommes pas à la hauteur de l’idéal démocratique. 

AD

emaildialloabdoulaye@gmail.com



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