vendredi 21 juin 2019

Nadia Tari Bako : Une success story nigérienne in progress



 Je rends grâce au réseau social professionnel linkedin. Il me permet de rencontrer des personnes magnifiques et inspirantes. Nadia Tari Bako (NTB) est une de ces femmes qui se détachent du lot.

Je ne me souviens plus des circonstances exactes qui on présidé à notre interaction sur LinkedIn mais tout ce que je sais, c'est que son parcours entrepreneurial a tout de suite attiré mon attention. J'ai pu flairer les attributs de leadership exceptionnels chez cette jeune femme nigérienne.

Il y a quelques jours, j'ai eu l’idée de proposer à Nadia de partager avec moi, le fondement de ce qui lui permet d'accomplir ce qu'elle fait.

 Au début, mon intention était de l'appeler et de lui poser des questions pour qu'elle y réponde. Mais, l'intuition m'a suggéré, au regard de son calendrier chargé, de lui demander si elle pouvait bien me faire des audios en s’inspirant d’une série de 4 questions que je lui ai envoyé par email.

 Oui NTB, 7 ans après avoir créé sa première entreprise de services de conciergerie Assistance Tarbiyat, est arrivée à la phase ou les choses « roulent.»

 Elle prépare en ce moment l'organisation de la cérémonie de lancement officielle de la Zone de Libre Échange Continentale (ZLEC) dont le Niger du Président Issoufou a grandement contribué à faire éclore, dans le cadre des travaux de l’union Africaine. Elle s'occupe précisement du côté événementiel avec les questions de catering, logistique notamment.

 J'ai moi-même eu le privilège de représenter le secteur privé guinéen dans les premières réunions d'experts sur la Zlec à kigali et Nairobi en 2017.

 Cet évènement est à la dimension de cette jeune femme de 34 ans, mère de 2 garçons et surtout magnifique épouse de Monsieur Cissé.

 Oui, de Monsieur Cissé, elle ne tarit pas d'éloges et de franchise. A l'écouter, on en est ému aux larmes.

Nous en reparlerons plus tard. Elle s'est livrée à un magnifique plaidoyer pour une vie de couple moderne tout en restant ancrée sur certaines valeurs sacrées.


 Qui est NTB? 


A la question de savoir comment elle se définit, NTB y répond astucieusement en citant ses proches : « Tu es courageuse; Tu nous inspire » « On veux faire comme toi » « tu nous donnes envie d'aller de l'avant » et dans un élan d'honnêteté sans précédent elle cite ceux qui lui disent « tu es une chieuse » avant de confesser être en effet très rigoureuse comme personne et finir tout de même par un fameux « tu as de la joie de vivre quand même… »

 En clair, c’est un personnage très intéressant. Et je vous assure que le Niger et l'Afrique n'ont pas fini d'entendre parler d'elle. J'ai comme l'impression qu'elle est une sorte de Aliko Dangoté en devenir. C'est en tous les cas, tout le mal qu'on peut lui souhaiter.

 Faute de trouver un travail, elle fonde son entreprise 

« la vérité est que j'ai créé cette société parce que mon époux et moi ne parvenions pas à trouver du boulot. Nous avons galéré énormément dans notre recherche d'emploi. Jusqu'à la naissance de mon premier garçon, ce fût très difficile pour nous. La création de la compagnie fut un parcours du combattant parce qu'à l’époque, il n’y avait pas de maison de l'entreprise. Il fallait passer par un cabinet de notaires et ça coûtait 250 mille FCA contre 17500 CFA de nos jours. Pour un couple qui ne travaillait pas, c'était très chaud... Nous n'avions aucune notion de l'entreprenariat... »

Ce témoignage de Nadia répond aux standards de tout processus de création d'entreprise à succès et durable dans le temps.

De Bill Gates aux amis qui ont créé Google en passant par Howard Schultz de Starbucks, ou même Marc Zuckerberg et Sir Richard Branson fondateur du Groupe Virgin et beaucoup d’autres entrepreneurs à succès anonymes, il y a un dénominateur commun : la modestie des débuts. Comme quoi, on a moins besoin d’argent que de muscle de volonté et de résilience à l’entame de l'aventure entrepreneuriale.

 À l'instar de toute création d'entreprise, elle a avoué avoirtraversé des situations pas évidentes : « J'ai souvent voulu abandonner, tout raccrocher. Mais je me suis accrochée; la résilience m'a tenu compagnie. J'ai fini par comprendre qu'on ne réussit que dans ce que l'on aime. Et j'aime faire ce que ce fais. Donc, j’Ai tenu bon. »

 A un moment donné, en 2016, Ericsson Niger lui a fait confiance pour la gestion de l'infrastructure d'hébergement de ses employés expatriés notamment. « Ils m'ont pris comme facility manager et je m’occupais de leur 6 guest houses. Ce fût un grande opportunité d'apprentissage pour moi. Je croyais maîtriser mon domaine mais travailler avec eux m'a vraiment permis de croître. Professionnellement parlant.»



Assistance Tarbiyat est une entreprise sociale



 Elle l'est en ce sens que sa fondatrice veille à tirer les jeunes nigériens qui passent leur temps à boire du thé au coin de la rue, de sortir de la léthargie et de se trouver un gagne pain.

«… Nous leur donnons leur premier outil de travail qui est le cv. Nous les formons puis les déployons chez nos clients. Je prends le temps de sillonner pendant de longues heures les quartiers et carrefours de Niamey pour aller convaincre ces jeunes de nous suivre… »

 Elle poursuit en nous disant ce qu'elle offre comme services : «… Assistance Tarbiyat est une société de services qui offre des solutions de conciergerie aux ménages nigériens ainsi qu'aux entreprises locales. Nous faisons du placement de personnel pour l'assistance à domicile notamment. Nous offrons des compétences dans les domaines de la plomberie, la maintenance électrique, l'entretien des générateurs, les placements de personnels. »

 Depuis 2016, NTB est dans la fourniture de services de catering. « J'aime cuisiner, ma mère aime le faire. C'est un truc qu’on se transmet de mère en fille. Nous travaillons ensemble dans ce domaine et j'avoue par la grâce de dieu, que ça marche très bien. »


D'ailleurs Nadia vient d’organiser récemment à Niamey, le 15 juin dernier, selon le quotidien électronique www.niameysoir.com, la journée de la gastronomie nigérienne « qui a mobilisé des membres du Gouvernement, des familles, amis(es), touristes, jeunes et personnes âgées dans l’enceinte du Centre National de Promotion Touristique (CNPT) sis au quartier Terminus de Niamey. »

 Le quotidien a rapporté les propos de Nadia en ces termes : « Franchement je ne m’attendais pas à voir des membres du Gouvernement défiler ici pour nous soutenir et nous encourager. Nous leur disons tout simplement Merci. »


« Tous les hommes doivent être comme lui »


 L'exception chez NTB c'est aussi l'idée qu'elle se fait de la vie de couple, de son homme. À l'écouter en parler, nous n'éprouvons qu'une seule envie : en faire une adaptation cinématographique, afin de montrer l'exemple à la jeunesse africaine.

Oui, il est possible de vivre au 21ème siècle et de faire reposer sa vie de couple sur les valeurs de l'amour de la solidarité, de la fidélité, de la tolérance mutuelle, de la générosité, de l'entraide.

 « A un moment donné, les clients me demandaient de me déplacer à des heures tardives pour des missions d'assistance. C'est là où j'ai pu convaincre mon mari de me rejoindre afin de prendre la gestion de ce type de prestations pour la satisfaction de nos clients. Il a accepté. La présence de mon mari à mes côtés aide énormément notamment sur les questions de management des employés car dans la culture de notre pays, on conçoit encore très mal de se faire manager par une femme… »

 Nadia, en parlant de son mari, est très émue : « Je ne sais même pas par ou commencer…. » 

Elle trouve tout de même la force de poursuivre en disant ceci de son tendre époux : « Mr Cissé et moi, nous nous connaissons depuis l'enfance. C’était ce que l'on appelle en anglais, un childhood friendship. Nos parents étaient des amis. Il a étudié à Nice moi, au Maroc. En 2011, je rentre à Niamey et nous nous retrouvons. Quelques temps plu tard, nous nous marions. Il n'avait pas de travail. J'étais la première à en avoir un, dans une entreprise de transit. Au départ, Il était réticent au mariage, n'ayant pas d'emploi, à cause de la culture locale qui veut que c’est l'homme qui doit prendre en charge la femme. Je lui ai dit que non, ça n'est pas grave, ça devrait aller pour moi. Jusqu'en 2014, il a vécu une période difficile car il était la risée de son milieu, de ses amis, sa famille, la mienne. Les gens trouvaient ça inadmissible de se faire entretenir par son épouse. J'ai refusé de le laisser être gagné par la déprime. Je le soutenais en lui disant de ne pas faire attention. Sans m'en rendre compte, je l'ai aidé à se surpasser. »

Et Nadia de poursuivre sur son tendre époux en expliquant combien lui aussi a été là; combien son soutien a été déterminant dans ce qu'elle réussit à faire : « il m'a soutenu pendant que personne d'autre ne croyait a ce que je faisais. Malgré le doute, il était là, à mes côtés. Il n'a jamais été un frein dans mes projets. J'ai eu a faire des voyages dans le cadre du Yali, pour 2 mois. C’était dur, mais je l'ai fait avec tout son support. Il me dit souvent Nadia, tant que c'est pour ton succès, ta gloire et tout je ne peux être un facteur bloquant. Et ça, en Afrique de l'Ouest, dans notre contexte social, c'est pas donné pour un homme d'avoir un tel état d'esprit. Et d'ailleurs mes amies m’envient comme pas possible pour ça, car personne n'arrive à comprendre d’où est ce que mon mari puise cette force pour me permettre de faire ce que je fais. C'est ce qui donne de la consistence à notre couple. Voilà pourquoi je ne cesse d'en parler. Pour montrer l'exemple car je me dis que tous les hommes doivent être comme lui. Ils doivent comprendre qu'ils doivent laisser leurs épouses réaliser leur rêve car la femme aussi pense famille. Mon mari à réussi à comprendre que sa vie, celle de nos enfants, aussi se réalise autour de moi. Il a compris et nous souhaitons inspirer les autres à comprendre cela.»

 C'est en tous les cas tout à l’honneur de monsieur Cissé, lequel a réussi à vaincre les préjugés du « contexte social, et religieux » selon Nadia.

 Sur le plan de la conciliation vie professionnelle vie de famille, Nadia stipule qu'à partir du moment où elle a un mari qu'elle a décrit plus haut, il n'y a pas de problème: «.... je respecte mon époux, reconnaît sont statut de patriarche, tout se passe bien.... »

On voit donc combien de fois l'harmonie de cette union, son équilibre, repose sur une symbiose parfaite entre traditions et modernité dont à n’en pas douter, Nadia, du fait de son intelligence, sa maturité, dispose des clés.


 « nos mamans ont trop dormi »



 NTB a réservé la dernière partie de ses enregistrements à répondre à la question de savoir quels conseils donner aux femmes en Afrique.

 L'écoute de ses propos traduisent la vision qu'elle porte. La vigueur de sa diction trahissent une farouche énergie d'une femme engagée dans l'émancipation de ses congénères.

 « Je suis de 1985 et je sais que toutes les femmes de cette génération sont les adultes d’aujourd’hui. C'est vraiment nous qui faisons l'histoire aujourd'hui car nous avons entre 30 et 34 ans. Je les invite à se battre, de bien choisir leurs conjoints, qu'elles les façonnent, les aide à comprendre que cette vie ne peux se faire sans la femme. Je veux qu'elles soient beaucoup plus résilientes car lorsque femme veut elle peut. Celles qui sont allées à l'école doivent continuer à faire valoir leurs compétences et lutter pour exister. C'est en tous les cas le message que je donne car moi je suis une travailleuse, je reste focus sur mes objectifs. Nous devons éduquer, encadrer nos petites filles à être comme nous; à ne pas s'endormir comme nos mamans se sont endormies. Nos mamans ont trop dormi. Aujourd'hui, j'ai une maman qui souhaite me voir réaliser tout ce qu'elle n'a pas pu faire. Elle me pousse. Cela montre à quel point elles ont pris conscience qu'elles se sont trop laissé faire… »

Nadia termine son propos en invitant les femmes à ne pas « tout laisser à la charge de l'homme dans le foyer conjugal. On a notre contribution à apporter, un rôle à jouer et ça les hommes doivent le comprendre… »


Quelles leçons tirer de tout ça?


 Par l'exemple de Nadia, j’ai souhaité envoyer un message à la femme africaine en général et surtout à la femme guinéenne. Il y a des exemples d’émancipation comme celui de Nadia mais le sien viens renforcer, donner de la vigueur à l’exigence de progrès inexorable de nos sociétés, de nos mentalités.

 Il y a aussi un message qui s'adresse aux hommes. Oui les hommes en majorité sont frileux de voir leurs épouses devenir « quelque chose. »

Je les invite à accueillir cela d'un bon œil à les soutenir.

Récemment, je plaisantais par watshapp avec une amie Kenyane, Dr Everlyn Nyangiro, que j'ai connu a Grenoble il y a une quinzaine d'années. Je lui ai envoyé par whattshap, un article insolite montrant les femmes kenyanes qui manifestaient dans les rues de Naiorbi, contre le fait qu'il n'y ait plus  assez d'hommes pour "les satisfaire intimement parlant."

 Alors Everlyn, d'une manière très objective, s'est évertuée à m'expliquer qu'en réalité « C’est la manifestation regrettable de l'indépendance que la femme kényane a acquise ces derniers temps. Les hommes vivent mal le fait de ne plus être ceux qui apportent tout à la femme. Ils sombrent donc dans l'alcool et se méfient même de se marier car certaines ne sont pas très diplomates dans leur quotidien conjugal… »

 Alors, j’espère que le témoigne de Nadia inspirera nos sœurs du Kenya et d'ailleurs sur le type de leadership conjugal adopter afin de préserver l'équilibre du couple.

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 Email : emaildialloabdoulaye@gmail.com 

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