vendredi 19 juillet 2019

La Gouvernance "Allah bèh" : le plus gros frein à notre développement?



Crédit photo: medium.com


"Allah bèh" est une expression en langue nationale soussou en Guinée. Selon certains, le soussou est aux guinéens, ce que le wolof est aux sénégalais.

Elle est parlée par tout le monde quasiment à conakry et dans sa région.
Certains diront "Non je ne suis pas d'avis." Nous les comprenons.

Quoiqu'il en soit, elle signifie ceci : "à cause de dieu..."

L'observation faite des relations sociales en Guinée, inspire ce billet que vous lisez.

Que cela soit au niveau amical, des relations de couple, professionnel et pas des moindres, celui de la gouvernance, "Allah beh" ou "à cause de dieu" demeure une puissante expression, souvent utilisée à des fins d'influence parfois, et très souvent, hélas, peu catholiques.

L'objet de ce post n'est pas d'encourager les uns et les autres à devenir des êtres dénués de sentiments de compassion les uns envers les autres.

L'ambition, c'est d'attirer l'attention sur l'abus qui entoure l'usage de la pratique du plaidoyer à travers "Allah bèh" et partant, de faire comprendre aux uns et aux autres, que c'est bien en cela que réside le frein le plus important à notre chemin vers le développement économique et la prospérité.


L'abus de "Allah bèh" affaibli le respect de la règle, du bon sens, de la loi


Il n'y a qu'en Guinée que vous pouvez être victime de vol, avec tous les risques que comporte l'introduction nocturne d'individus mal intentionnés à votre domicile, et que les sages de la mosquée, du quartier, viennent vous demander de pardonner en y ajoutant l'expression fétiche "Allah bèh."

Parfois, c'est les policiers et gendarmes qui deviennent les messagers en chefs de l'entreprise " Allah beh" afin de vous faire fléchir.

Peu importe la perte de vos biens pouvant se chiffrer à des millions dans le cadre de ce vol.

 Peu importe le choc psychologique que vous avez subi en vous disant :" ils auraient pu me tuer..."

Non! On viendra tester votre foi en vous mettant en face de Dieu par le fameux "Allah bèh." On viendra vous manipuler par cette expression qui vous fera, dans la plus part du temps, fléchir, sous le poids de l'entourage.

Si l'on mord à l'hameçon, comme c'est bien trop souvent le cas, on tue encore une fois, le rêve d'une société régie par le respect des droits et des devoirs du citoyen.

Dans d'autres circonstances notamment au niveau de l'administration, des entreprises, des associations, ce sont les collègues, les amis, parfois même votre mère que l'on mobilisera pour venir vous empêcher de prendre vos responsabilités, de sanctionner lorsque cela est nécessaire.

Un dilemme cornélien pour un responsable 

Elles ne finissent pas les histoires comptées par les responsables, du Président de la République au sous-préfêt, qui traduisent la réalité de la pratique de gouvernance au quotidien, ponctuée de situations de "Allah beh" en permanence.

Au niveau présidentiel, lorsqu'un décret est pris pour sanctionner un ministre ou un haut fonctionnaire pour avoir commis une faute, souvent en Guinée, ce sont les représentants de l'association de sa région d'origine qui vont demander audience et venir plaider la clémence du chef, afin de redonner une autre responsabilité à leur fils.

Le chef, sachant pertinemment que dans l'exercice se ses fonctions, il a besoin politiquement du soutien de ces individus, influents dans leurs localités, aura la tentation de donner suite favorable à leur doléances.

Dans son calcul "risque-opportunité" il préfèrera certainement ne pas frustrer des "leviers" sur lesquels il pourrait s'apesentir "un jour..."

Cependant, une multiplication de ce type de situations, conduit, et le chef le sait très bien, à nuire structurellement à son engagement de transformation des pratiques de gouvernance en faveur de plus de rigueur et de respect de la loi et l'ordre établit.

Que faire? 

Eh bien le remède à ce fléau, pourrait résider, comme pour tous les autres, en la pédagogie.

La pédagogie est peu utilisée dans les dynamiques sociales chez nous.

Elle se limite bien souvent, à l'école. Et encore... Mais là n'est pas le sujet.

Il n'est pas cette entreprise de transformation des habitudes, des mauvaises habitudes, qui puisse réussir, par des dénonciations ponctuelles, dans le cadre de discours, de débats.

Les actions de changement, de tranformation doivent être scientifiquement pensées et mises en oeuvre avec stratégie et ce, dans la durée.

Si on prenait le soin de modéliser dans le cadre d'un film, l'impact agrégé de 100, 500, 1000 "allah bèh" suite à de simples vol de biens, on pourrait faire comprendre à celles et ceux qui se livrent à cette pratique, qu'ils contribuent à retarder la construction d'une société prospère.

Dans la conduite du changement, il est important de susciter l'adhésion des personnes que l'on veut changer. Pour le faire, quoi de mieux que de leur faire comprendre aux chantres du "Allah beh" que ce qu'ils ont à gagner en changeant est supérieur à la situation de statu-quo.

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emaildialloabdoulaye@gmail.com













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