mardi 2 octobre 2018

Sans bonne foi, ni confiance, pas de développement économique !

« Plus nos sociétés deviennent modernes, plus nous avons besoin de confiance. Mais cela devient de plus en plus difficile. La confiance ne peut être imposée. Elle doit se gagner. Elle se gagne en appliquant les règles pour que chacun puisse tirer parti, équitablement des opportunités que la société offre. » Margareth Vestagher, Commissaire Européenne chargée de la concurrence.
Ces propos font échos au-delà du contexte et de la raison pour laquelle ils ont été prononcés. Ils raisonnent aussi pour la Guinée. Ils traduisent l’importance fondamentale que revêt l’existence de la confiance entre les différents acteurs d’un pays afin que chacun puissent jouir des bienfaits de ce dernier.

L’ambition légitime des filles et fils de la Guinée, consistant à profiter de conditions d’un développement économique harmonieux, prospère et durable, tarde à se concrétiser. Ce n’est pas faire preuve de science infuse que de le dire. Les messages et commentaires des guinéens sur les réseaux sociaux, indiquent combien la perception que ces derniers ont de leurs conditions de vie, est précaire.

Malgré les progrès conjoncturels enregistrés  qui se sont traduit par une croissance économique de 6.7% en 2017, portée par l’accroissement de la production minière, les activités de construction, l’agriculture, et une meilleure fourniture d’électricité, les prévisions de la Banque Mondiale font état d’une stagnation de cette dernière aux alentours de 5% jusqu’en 2020.

En 2012, 55% des guinéens vivaient pauvres et certainement, à cause de l’impact d’Ebola, ce chiffre a certainement dû augmenter, selon la Banque Mondiale.

La performance gouvernementale a été remarquable ces derniers temps sur le plan de la gestion des indicateurs macroéconomiques. Le seul problème, c’est le fait que cette performance ne se traduit pas concrètement en matière d’amélioration des conditions de vie des populations dans leur ensemble. Comment s’assurer du fait que les fruits de la croissance économique soient équitablement répartis entre les différentes couches socio-économiques du pays, demeure un défi à relever.

Il ne peut y avoir développement économique harmonieux sans confiance


La confiance entre les acteurs socio-économiques d’une nation est la première condition de survenue d’un développement économique.  Pour que règne cette confiance, il faut que les règles établies (lois et règlements) soient respectées. Et pour que ces règles soient respectées, il faut de la bonne foi totale de la part de celles et ceux qui disposent de la responsabilité de la gestion d’Etat.
Lorsque cette bonne foi est acquise de la part des gouvernants, elle est requise de la part des citoyens.
En d’autres termes, dans un système démocratique, le pouvoir et la responsabilité que revêt sa détention, conférée aux gouvernants, n’est légitime que par la volonté de la majorité populaire, exprimée dans le cadre d’une élection. C’est donc sur la base de la loi de la majorité, qu’une partie de la population, au nom de l’intérêt général, confie à une autre, les gouvernants, la conduite de la nation.
Nous ne pouvons espérer un développement économique harmonieux, si nous nous trouvons dans une situation au sein de laquelle les gouvernés, de par leurs actions de défiance de l’ordre établit, expriment leur désapprobation face à l’action conduite par les gouvernants.
D’aucuns diront que des règles entourent l’expression de cette désapprobation. Certes.
Mais que fait-on lorsque ces règles, supposées permettre aux citoyens mécontents de s’exprimer et de changer les choses, ne sont pas appliquées à cause justement de la mauvaise foi de la part des gouvernants ?  


L’exigence d’un débat national sur l’état de notre fonctionnement démocratique s’impose !


Un éminent homme politique anglais du non de Tony Benn a déclaré ceci : «  dans le cours de ma vie, j’ai développé 5 petites questions démocratiques. S’il vous arrive de rencontrer un homme puissant –Adolf Hitler, Joseph Staline, Bill Gates- posez leurs 5 questions : Quelle est la nature de votre pouvoir ? Comment l’avez-vous eu ? A qui êtes-vous supposé rendre compte ? Comment peut-on se débarrasser de vous ? Si vous ne pouvez pas vous débarrasser des personnes qui vous gouvernent, vous ne vivez pas dans un système démocratique.»
Que fait-on donc lorsque les personnes mandatées par le peuple pour gouverner ne permettent plus à ce que les règles fixées pour les renouveler, lorsqu’on n’est pas content d’eux, soient appliquées ?
La réponse à cette question mérite un effort collectif. Elle doit être posée au moins dans les états-majors des partis politiques, dans les associations et ONG de la société civile et mieux ; elle doit être traitée dans un esprit de sérieux, de responsabilité et surtout de patriotisme.
Il est très important  que ce débat ait lieu au sein de la société guinéenne car aujourd’hui l’actualité des faits politiques et sociaux sur les dernières années, montre qu’il y a une sorte de rupture totale du lien de confiance entre le peuple et la classe politique et dirigeante.  
Comment en est-on arrivé là ?
D’une part, il y a l’échec des dirigeants successifs depuis l’indépendance du pays.
Ils n’ont pas réussi à maintenir dans la durée, l’exercice intègre de la responsabilité de conduite de la destinée du peuple. Ici, le terme intègre doit être considéré dans son sens le plus large, au-delà de la simple intégrité en matière de gestion des finances publiques.  
L’échec dont il est question ici, renvoie plutôt à l’idée de non capacité à instaurer et faire vivre durablement les principes et valeurs démocratiques, de service public, de l’intérêt général qui doit servir de cadre à l’action des gouvernants.
Prenons l’exemple des appareils politiques. Sauf erreur, les dynamiques visant à fournir une éducation démocratique et citoyenne de leurs membres et au-delà, leurs membres potentiels, est quasi-absente pour ne pas dire inexistante.
Pourtant, elles doivent demeurer la priorité, au même titre que l’organisation des campagnes électorales. On le voit bien, c’est parce que cette culture démocratique est faible auprès de la majorité de la population, que cette dernière ne parvient pas à exprimer ses choix de vote par discernement, au-delà de la simple appartenance régionale du candidat pour lequel elle exprime son vote.
 Cette absence de culture démocratique marquée par un peuple qui n’est pas « éduqué » pour comprendre pourquoi choisir tel candidat et pourquoi ne pas choisir un tel, conduit à toutes les tensions pré et post-électorales que nous connaissons, résultant d’un processus de vote soufrant d’une forte absence d’intégrité.
Car en effet, si le peuple, disposant de son libre arbitre, acquis par l’éducation qu’il a reçu sur les tenants et les aboutissants du processus démocratique, s’exprimait en majorité en son âme et conscience, il sera très difficile pour tel ou tel camp de procéder à l’accomplissement d’actions visant à orienter artificiellement le vote citoyen en leur faveur et ternir ainsi l’intégrité du vote.  On se souvient tous de la fameuse formule ironique prononcée par feu le Président Omar Bongo qui donne du crédit à cette assertion : « un président africain qui organise une élection, s’il perd, c’est qu’il a voulu perdre… »

D’autre part, il y a le niveau de capacité des femmes et des hommes qui ont la responsabilité de conduire la gestion de l’Etat. Pour œuvrer de manière efficace et efficiente dans le sens de l’intérêt général, il faut avoir au préalable été formé et préparé à cela. Dans tous les grands pays du monde, il y a des grandes écoles et de grandes universités qui forment les gestionnaires publiques. Le problème de compétences techniques et interpersonnelles auquel s’ajoute l’absence de vision et de sens de l’intérêt général, forment un cocktail pas très propice à la performance et au progrès dans la gestion des affaires publiques.

La gestion des affaires de la cité est d’une importance telle qu’elle ne doit pas laisser la place à l’improvisation, à l’égoïsme, l’incompétence. Il faut des hommes d’Etat altruistes, dotés de bon sens, compétents à la gestion publique, compétents en matière de gestions des hommes et surtout qui croient en la démocratie. Si le peuple dans sa majorité ne comprend pas que ses choix doivent porter sur des femmes et des hommes répondants au minimum aux critères susmentionnés, eh bien il se condamne à opérer des choix qui finissent par se révéler rapidement inappropriés, retardant ainsi l’amélioration de ses conditions de vie, de santé, d’éducation etc. Ce peuple se retrouve donc dans un cercle vicieux fait de frustrations accumulées générant de sa part, défiance à l’ordre établit parce que ne disposant d’aucun recours garantissant que son mécontentement sera suivi d’effet en matière de sanctions des gouvernants. On revient donc ainsi à la citation de M. Tony Benn qui a affirmé que si  vous ne pouvez pas vous débarrasser des personnes qui vous gouvernent, vous ne vivez pas dans un système démocratique.»

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Email: emaildialloabdoulaye@gmail.com



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